Quand tu ne peux pas avoir d'enfant... le parcours du combattant


Pour celles ou ceux qui n'ont pas encore d'enfants et qui peut être commencent à se poser des questions, je vous conseille de ne pas hésiter à consulter. En général, mesdames quand vous remarquez qu'au bout de quelques mois vous n'êtes toujours pas enceinte, vous en parlez au gynéco qui, a le devoir de vous rassurer et vous dit que la moyenne est de 2 ans. Il décidera donc de ne pas vous diriger vers un spécialiste avant 24 mois..... ce qui est très long pour nous, pauvres novices.
Pour ma part, j'ai tout de suite su que quelque chose n'allait pas. Appelez ça "intuition" ou "pressentiment", je ne sais pas mais pour moi il y avait bien un problème et j'ai donc insisté lourdement pour être aiguillée vers un spécialiste après 1 an d'attente et j'ai vraiment bien fait.
Je vous passe tous les premiers commentaires de l'entourage.... si vous avez vécu la même expérience, vous savez de quoi je parle, si non... il va falloir vous accrocher... Les gens se croient toujours plus malins que vous et pensent vous donner de "judicieux"conseils....quand ils ne vous jugent pas... ("tu es trop pressée, tu as le temps, tu psychotes, fais confiance au gynéco il sait de quoi il parle, tu as pris la pilule trop longtemps "etc...)

Nous voilà donc à faire des bilans sanguins et hormonaux afin d'essayer de déceler d’éventuels problèmes. Zom est plutôt dans la moyenne. Moi on me dit que je suis un peu faible.... euphémisme que j'apprendrai plus tard. Oui parce qu’il faut bien comprendre qu'à partir de maintenant on ne vous traitera que comme des patients, non plus comme des adultes dotés d'un raisonnement et d'une logique. Non, vous serez ces patients, bien dociles et conciliants qui se plieront aux 4 volontés de ces médecins "les grands seigneurs" qui eux, ont le savoir... mais que vous ne pouvez pas comprendre..... car apparemment le patient est doté d'un petit QI (je dis ça et pourtant mon père est médecin!).
Bref après de nombreux examens, on décide de vérifier l'état de mes trompes. L'examen est douloureux et l'on décèle qu'en effet une opération est nécessaire pour: soit déboucher la trompe gauche, soit l'enlever (car elle pourrait mettre en danger la vie d'un futur enfant ou bien la mienne).
Bon, je vous laisse deviner..... solution 2.... Ce n'est qu’après cette opération que l'étendue des dégâts nous a vraiment été révélée: une trompe fonctionnelle sur deux et peu d'ovocytes (qui plus est, de très mauvaise qualité).
On décide enfin (nous sommes déjà à la 3ème année) de nous envoyer ouvrir un dossier au centre de PMA (procréation médicalement assistée) le plus proche. Evidemment le plus proche étant tout de même à plus d'1h00 de route de notre domicile mais bon, il faut ce qu'il faut.
On essaie de se dire que la lumière est au bout du tunnel. Et heureusement que nous avions plein d'espoir car c'est vraiment là que commence le parcours du combattant.
On commence par prendre un rendez-vous dans.... loonnngtemps ... presque un an d'attente... est ce que je pourrais m'absenter du boulot? Est ce que Zom pourra être présent? S'il n'est pas là, il faudra reprendre rendez-vous, donc repousser encore la création du dossier.
A ce moment là, tout ce qui compte c'est d'avoir un rendez-vous et tant pis pour le reste.
On nous refait des analyses, on nous explique ce qu'est une IAC, une ICSI, une FIV, on nous oblige à assister à des réunions d'informations, et à des séances chez leur psy. Tout ceci étant OBLIGATOIRE POUR TOUS LES COUPLES. Alors je ne vous raconte pas le planning!
Quand zom est dispo c'est moi qui ne le suis pas, et quand nous le sommes tous les deux, c'est la date du rendez-vous qui ne va pas....
Après plusieurs mois, on commence par une insémination. On me file des seringues et des produits, que je dois faire injecter chaque jour à heure fixe par une infirmière dans mon corps pendant plusieurs jours. Puis, tous les 2 jours je vais au centre pour surveiller par échographie si la stimulation fonctionne bien.... Le stress d'être à l'heure pour les piqûres, le stress des aller-retours, est ce que finalement ça va marcher? Je me souviens des états dans lesquels je me mettais quand l'infirmière avait juste 10 minutes de retard.... ça me rendait dingue...Puis vient le moment où l'on nous dit que le lendemain à 8h00 on ferait l'insémination. Cela signifiait qu'il fallait déclencher l'ovulation donc piqûre à minuit ou 23h faite par Zom. C'est glamour hein.
Le lendemain rendez-vous à l'hôpital à 6h30 pour que mon conjoint aille au centre de dépôt de sperme.
A 7h00 on m'enregistre, à 7h10 j'avale le cachet de lexomil qu'on me donne et hop à 8h00 en selle pour l'insémination.
Tout est bleu et froid. Je pleure, j'ai peur. La sage-femme me rassure comme elle peut. Zom n'a pas plus fière allure que moi mais essaie de faire bonne figure, je le vois. Je quitte mes vêtements que je mets dans un tout petit casier.
J'enfile la blouse bleue, et les sur-chaussures, et la charlotte. Zom met la charlotte et les-sur chaussures. Nous attendons notre tour dans une petite salle. Le lexo commence à faire son effet et ça me fait du bien.
Je pense à Zom qui lui n'en a pas et je le plains intérieurement.
C'est notre tour. Il me tient la main. Ce n'est pas trop douloureux.
On nous montre sur écran ce nuage blanc qui m'envahit. Il représente tous nos espoirs. Je prie dans ma tête.
Après 1h environ, nous pouvons sortir. Je n'ose pas trop bouger, je veux que ça fonctionne mais je sais que c'est stupide, que ça ne changera rien.
Après 15 jours d'attente, mes règles arrivent et je pleure.
Nous renouvelons l’expérience dès que les médecins nous en offrent la possibilité. Nouvel échec.
Zom me porte. Psychologiquement je veux dire. Car je perds pied et parfois crois devenir folle. Mais qui le porte, lui?
On nous propose de passer aux FIV. L'espoir renaît.
Mêmes piqûres, mes cuisses sont couvertes de bleus, je cherche les endroits vierges où piquer.
Les hormones jouent avec mes nerfs et je prends quelques kilos. Je pleure, je ris, je ne sais plus où j'en suis.
On contrôle, tous les 2 jours, puis on déclenche. Je passe au bloc, on prélève quelques ovocytes (apparemment pas nombreux et pas beaux mais on essaie tout de même). On nous rappellera dans 2 jours pour nous dire si les soldats de Zom ont réussi à faire des embryons.
On attend.... encore... je prie...
3 embryons. Je retourne au bloc pour qu'ils les déposent. Une consultation s'ensuit pour nous débriefer sur les chances d'implantation et de survie. Pas top. Au bout de 15 jours, un embryon tient,  je suis enceinte.
Je sais que c'est fragile. J'ai mal au ventre et je sens que ce n'est pas normal. Fausse couche, après une semaine.
Je suis seule à la maison lorsque ça arrive. Je vois du sang et quelque chose qui ressemble à un fœtus. J'ai envie de mourir.
La gynéco qui nous suit à l'hôpital veut nous revoir. Elle est très froide, je ne l'aime pas. On dirait un robot. Elle me fait remarquer que j'ai pris du poids et sous entend que c'est en partie à cause de ça (donc de moi) que ça ne fonctionne pas. Je pense à toutes ces mamans en surpoids qui arrivent à être enceintes. Je la déteste. Je déteste tous ces gens. Je déteste tous ces parents qui ont des enfants et qui ne savent pas la chance qu'ils ont. Je déteste Dieu. Je maudis ma vie. C'est pas juste. Je pense à tous ces enfants malheureux, battus et à toutes les femmes comme moi qui ne veulent qu'une chose: prendre soin d'eux. Je me rends compte que Zom aussi est triste et que je suis égoïste de rester seule dans mon malheur, mais je n'arrive pas à faire mieux. Heureusement il est fort.
Seconde FIV, encore un espoir, encore une déception.
Aucune parole ne peut m'aider hormis celles de mon conjoint car personne ne vit ce que nous vivons, ne ressent notre douleur.
On nous explique que mon corps ne réagit plus aux traitements et qu'il va falloir se tourner vers l'adoption. En 2 phrases, en 10 minutes, notre parcours, nos espoirs sont enfermés dans un coffre. Scellés. Nous sommes un peu démunis. Nous ne nous attendions pas à cela ... si vite...
Cela fait 4 ans maintenant. Et nous voilà donc partis pour un premier rendez-vous pour monter un dossier d'adoption.
Une première réunion obligatoire suit.
Nous rencontrons ensuite la psy et l'assistante sociale qui établiront chacune un avis, ce qui constituera notre dossier. Plusieurs entretiens, pendant encore 1 an alternant la psy et l'assistante sociale.
On nous suggère fortement de nous marier car une demande d'adoption par un couple non marié a ses chances proches de zéro.
L'assistante sociale nous trouve parfaits (ou presque lol). La psy pense que notre "projet" n'est pas assez "abouti" lorsque à la question "comment voyez vous votre enfant", nous lui répondons simplement que nous n'avons aucun souhait particulier. Que, quoi qu'il en soit, nous aimerions cet enfant de tout notre cœur.
Elle attendait une réponse précise. Elle nous a donné pour exemple: "nous voulons un enfant asiatique de moins de 2 ans".....Nous ne comprenons pas et nous sommes las d'être jugés, étudiés, décortiqués pour savoir si nous serions de bons parents.
Lorsque les couples attendent un enfant, personne ne vient les voir pour évaluer leurs aptitudes à être parents, n'est ce pas? Et pourtant, certains en auraient bien besoin quand on voit les gros titres des journaux.
Nous sommes dégoûtés, écœurés. Et, quand ces jugements pourraient mettre en doute et démolir à coup sûr certaines personnes, nous restons persuadés que nous serions de bons parents.
Comme le bilan est mitigé, on nous invite à représenter une demande d'évaluation l'année prochaine.
Personnellement je ne sais plus où j'en suis.
Le mariage est prévu pour dans quelques mois car voilà déjà un an que notre dossier a été ouvert.
Le jour du mariage je suis à 1 mois de grossesse.
Un vrai miracle..... que je bénis tous les jours.



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